Mont-Valerien

Mont-Valerien

Émile François Amédée Molet

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89mile_Molet

 

Émile Molet

 
 
Émile Molet
Émile François Amédée Molet
Image illustrative de l'article Émile Molet

Naissance
Beaurevoir (AisneFrance)
Décès  (à 37 ans)
Mont-Valérien (SuresnesHauts-de-SeineFrance)
Origine Drapeau de la France France
Arme 5e compagnie du 28e Régiment Régional de Garde
Grade Sergent-chef
Années de service 1939-1940
Conflits Seconde Guerre mondiale
Faits d'armes Massacre d'Abbeville

Émile "François" Molet, né à Beaurevoir dans l'Aisne, le  et exécuté par les Allemands au Mont-Valérien, le , est un militaire français de la Seconde Guerre mondiale. Il était sergent-chef au sein de la 5e compagnie du 28e Régiment Régional et fut l'un des protagonistes, le , de l'exécution sommaire de 21 détenus transférés depuis la Belgique à Abbeville. Cet épisode est connu sous le nom de massacre d'Abbeville1,2,3.

 

 

Éléments biographiques[modifier | modifier le code]

Émile Molet est né à Beaurevoir dans une famille d'exploitants agricoles. En 1925, il effectue son service militaire à Mayence au sein de la quatrième batterie du 313e régiment d'artillerie. Il est promu brigadier puis est affecté au 305e régiment d'artillerie à pied. Le , il est maréchal-des-logis. Il est démobilisé le  et reprend son activité de cultivateur dans l'exploitation familiale. Le , il épouse Paule Boulanger, le couple aura quatre enfants3.

Durant la drôle de guerre, il est affecté à la Ligne Maginot avec le grade de sergent-chef de réserve. En , il rejoint la 101e batterie du 2e dépôt à Abbeville puis la 1re batterie, 5e compagnie, dernière unité du 28e Régiment Régional de Garde. Sous les coups de butoir allemands, l'armée française est proche de la débâcle3.

Dans la nuit du 19 au , trois autocars arrivent de Belgique via Dunkerque et Béthune à Abbeville. À bord des véhicules, un contingent de 78 détenus arrêtés administrativement par les autorités belges en raison de leurs accointances probables avec les Allemands et transférés depuis l'ancienne prison de Bruges vers la France. L'information se répand, il s'agit d'un convoi d'espions. L'armée française est sur le point de décrocher face à l'avancée allemande. Par commodité, les détenus sont enfermés pour la nuit sous le kiosque. Le lendemain matin, le capitaine Marcel Dingeon donne oralement l'ordre au sergent-chef Émile Molet de les exécuter tousNotes 1. Lorsque René Caron arrive sur place, les exécutions par groupes de trois ont déjà débuté, le lieutenant Caron laisse faire et selon la presse collaborationniste de l'époque, y prend même une part active4,5. Tandis que 21 personnes dont une femme ont déjà été passées par les armes, le lieutenant Jean Leclabart arrive à son tour avec l'ordre de retraite au sud de la Somme. Il s'interpose et exige de voir l'ordre écrit d'exécution que personne ne peut produire. « êtes-vous devenus fous? » s'écrie-t-il mettant un terme aux exécutions sommaires6,3.

En , Émile Molet est arrêté par des enquêteurs du SIPO-SD de Bruxelles qui veulent faire toute la lumière sur les mauvais traitements subis par Léon Degrelle à Béthune et sur l'exécution sommaire des "espions belges". Il est incarcéré à la prison d'Amiens puis transféré à la prison de Fresnes. Le , il comparait au côté de René Caron, son supérieur direct, devant le conseil de guerre allemand du Groß-Paris. Les deux hommes sont condamnés à mort pour mauvais traitements infligés à des prisonniers et meurtres. Ils sont exécutés au Mont-Valérien, le 3. Passé en zone libre, Marcel Dingeon s'était suicidé et était mort à l'hôpital militaire de Pau, le 7,2.

Émile Molet est tout d'abord inhumé au cimetière d'Ivry-sur-Seine puis sa dépouille est transférée au cimetière de Beaurevoir, le .

Lettres d'adieu[modifier | modifier le code]

Reconnaissances[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1.  "Ne sachant que faire, je les ai fait bousiller" (Alain de Benoist, Trentième année, Éditions du Labyrinthe, 1998, 158 pages)

Références[modifier | modifier le code]

  1.  Carlos H. Vlaemynck, "Dossier Abbeville: arrestaties en deportaties in mei 1940", Davidsfonds, 1977, 424 pages
  2. ↑ a et b Mémoire des hommes [archive]
  3. ↑ abcd et e Le Maitron, Dictionnaire biographique, Les fusillés 1940 - 1944 [archive], janvier 2014
  4.  Le matin, 11 avril 1942, no 21148
  5.  Ouest-Eclair, 11 avril 1942, no 16517
  6.  « Quelques points d'histoire "oubliés" : Le kiosque d'Abbeville » [archive], sur francaislibres.net (consulté le 15 juillet 2016) : « Le lieutenant Jean Leclabart du 28e RR qui lui aussi passait par là et qui connaissait le règlement militaire s'exclame: "Mais enfin, êtes-vous devenu fou?" et demande l'ordre d'exécution. Comme personne ne peut montrer un tel ordre, il fait arrêter le massacre. »
  7.  Maurice de Wilde, België in de Tweede Wereldoorlog. Deel 5: De kollaboratie [archive]. DNB/Uitgeverij Peckmans, Kapellen 1985

15/05/2018
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Emile Molet Emile François Amédée Molet

https://mont-valerien.blog4ever.com/

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Emile_Molet

 

FRANCOIS Emile AMEDEE Molet

 
 
Emile Molet
Emile François Amédée Molet
Image illustrative de l'article Emile Molet

Naissance
Beaurevoir (AisneFrance)
Décès  (à 37 ans)
Mont-Valérien (SuresnesHauts-de-SeineFrance)
Origine Drapeau de la France France
Arme 5e compagnie du 28e Régiment Régional de Garde
Grade Sergent-chef
Années de service 1939-1940
Conflits Seconde Guerre mondiale
Faits d'armes Massacre d'Abbeville

Emile "François" Molet, né à Beaurevoir dans l'Aisne, le  et exécuté par les allemands au Mont-Valérien, le , est un militaire français de la Seconde Guerre mondiale. Il était sergent-chef au sein de la 5e compagnie du 28e Régiment Régional et fut l'un des protagonistes, le , de l'exécution sommaire de 21 détenus transférés depuis la Belgique à Abbeville. Cet épisode est connu sous le nom de massacre d'Abbeville1,2,3.

 

 

Éléments biographiques[modifier | modifier le code]

Emile Molet est né à Beaurevoir dans une famille d'exploitants agricoles. En 1925, il effectue son service militaire à Mayence au sein de la quatrième batterie du 313e régiment d'artillerie. Il est promu brigadier puis est affecté au 305e régiment d'artillerie à pied. Le , il est maréchal-des-logis. Il est démobilisé le  et reprend son activité de cultivateur dans l'exploitation familiale. Le , il épouse Paule Boulanger, le couple aura quatre enfants3.

Durant la drôle de guerre, il est affecté à la Ligne Maginot avec le grade de sergent-chef de réserve. En , il rejoint la 101e batterie du 2e dépôt à Abbeville puis la 1re batterie, 5e compagnie, dernière unité du 28e Régiment Régional de Garde. Sous les coups de butoir allemands, l'armée française est proche de la débâcle3.

Dans la nuit du 19 au , trois autocars arrivent de Belgique via Dunkerque et Béthune à Abbeville. À bord des véhicules, un contingent de 78 détenus arrêtés administrativement par les autorités belges en raison de leurs accointances probables avec les allemands et transférés depuis l'ancienne prison de Bruges vers la France. L'information se répand, il s'agit d'un convoi d'espions. L'armée française est sur le point de décrocher face à l'avancée allemande. Par commodité, les détenus sont enfermés pour la nuit sous le kiosque. Le lendemain matin, le capitaine Marcel Dingeon donne oralement l'ordre au sergent-chef Emile Molet de les exécuter tousNotes 1. Lorsque René Caron arrive sur place, les exécutions par groupes de trois ont déjà débuté, le lieutenant Caron laisse faire et selon la presse collaborationniste de l'époque, y prend même une part active4,5. Tandis que 21 personnes dont une femme ont déjà été passées par les armes, le lieutenant Jean Leclabart arrive à son tour avec l'ordre de retraite au sud de la Somme. Il s'interpose et exige de voir l'ordre écrit d'exécution que personne ne peut produire. « êtes-vous devenus fous? » s'écrie-t-il mettant un terme aux exécutions sommaires6,3.

En , Emile Molet est arrêté par des enquêteurs du SIPO-SD de Bruxelles qui veulent faire toute la lumière sur les mauvais traitements subis par Léon Degrelle à Béthune et sur l'exécution sommaire des "espions belges". Il est incarcéré à la prison d'Amiens puis transféré à la prison de Fresnes. Le , il comparait au côté de René Caron, son supérieur direct, devant le conseil de guerre allemand du Groß-Paris. Les deux hommes sont condamnés à mort pour mauvais traitements infligés à des prisonniers et meurtres. Ils sont exécutés au Mont-Valérien, le 3. Passé en zone libre, Marcel Dingeon s'était suicidé et était mort à l'hôpital militaire de Pau, le 7,2.

Emile Molet est tout d'abord inhumé au cimetière d'Ivry-sur-Seine puis sa dépouille est transférée au cimetière de Beaurevoir, le .

Lettres d'adieu[modifier | modifier le code]

Reconnaissances[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1.  "Ne sachant que faire, je les ai fait bousiller" (Alain de Benoist, Trentième année, Éditions du Labyrinthe, 1998, 158 pages)

Références[modifier | modifier le code]

  1.  Carlos H. Vlaemynck, "Dossier Abbeville: arrestaties en deportaties in mei 1940", Davidsfonds, 1977, 424 pages
  2. ↑ a et b Mémoire des hommes [archive]
  3. ↑ abcd et e Le Maitron, Dictionnaire biographique, Les fusillés 1940 - 1944 [archive], janvier 2014
  4.  Le matin, 11 avril 1942, no 21148
  5.  Ouest-Eclair, 11 avril 1942, no 16517
  6.  « Quelques points d'histoire "oubliés" : Le kiosque d'Abbeville » [archive], sur francaislibres.net (consulté le 15 juillet 2016) : « Le lieutenant Jean Leclabart du 28e RR qui lui aussi passait par là et qui connaissait le règlement militaire s'exclame: "Mais enfin, êtes-vous devenu fou?" et demande l'ordre d'exécution. Comme personne ne peut montrer un tel ordre, il fait arrêter le massacre. »
  7.  Maurice de Wilde, België in de Tweede Wereldoorlog. Deel 5: De kollaboratie [archive]. DNB/Uitgeverij Peckmans, Kapellen 1985

28/07/2017
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TIMBRES D' HOMMES CELEBRES

cattenières timbres hommes célébres 01.jpg  TIMBRES ALFRED MOLET 001.jpg


09/04/2014
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François Molet ( résumé)

François Molet et l’affaire des 21 fusillés du kiosque à musique d’Abbeville

François et Paule Molet.

Le 20 mai 1940, François Molet se trouve mêlé, malgré lui, à « l’affaire des 21 fusillés du kiosque d’Abbeville ». Le 15 mai, un groupe de 78 suspects est extrait de la prison belge de Bruges, remis à la Sûreté puis conduit en France. Le convoi arrive à Abbeville dans la nuit du 19 au 20 mai. Ne sachant où « loger » les prisonniers, on les enferme dans la cave du kiosque à musique. Les Allemands sont aux portes de la ville.Les militaires français doivent décrocher… Mais que faire des prisonniers ? 21 d’entre eux vont être passés par les armes, sans autre forme de procès. Quelques mois plus tard, l’affaire est jugée par un tribunal allemand.François Molet, sergent chef de réserve ainsi que son chef direct, le lieutenant Caron, sont condamnés à mort et fusillés au mont Valérien

Les folles journées du 15 au 20 mai 1940

Le 15 mai, l’administration pénitentiaire de la prison de Bruges, submergée par l’incarcération de « suspects », décide d’en transférer une partie vers la France. 79 personnes sont embarquées dans un convoi de trois autocars : une vingtaine de Belges, 18 Juifs de nationalité inconnue, 14 Allemands, 6 Néerlandais, 3 Luxembourgeois, 9 Italiens, 2 Suisses, 1 Français alsacien, 1 Espagnol, 1 Danois, 1 Canadien, Robert Bell, entraîneur de l’équipe nationale allemande de hockey sur glace, incarcéré en mars 1940 pour manque de papiers en règle et suspecté d’être un espion, 1 Autrichien, 1 Tchèque. Bien entendu, tous ne sont pas innocents. Le groupe compte notamment Léon Degrelle, fondateur du mouvement fasciste Rex.

Les trois autocars comptant 78 détenus partis de Bruges ont gagné Dunkerque via Ostende, à la frontière franco-belge. Là, Léon Degrelle est reconnu, tiré du car et proprement passé à tabac par des militaires français. Degrelle s’en tire avec quelques « bleus ». Le convoi repartira sans lui, et sous les huées et les jets de pierre atteindra la prison de Béthune où, après un interrogatoire d’identité sommaire pour l’établissement d’une liste,les 77 suspects seront remis, dans des conditions restées peu claires, à la Sûreté françaiseIls resteront détenus à Béthune jusqu’au 19 mai, puis seront de nouveau évacués devant l’avance allemande. Au moment du départ, on joindra au lot un jeune Belge vivant en France et ayant refusé d’être mobilisé dans l’armée de la IIIe République.

Communisme et nazisme : 25 réflexions sur le totalitarisme au XXe siècle par Alain de Benoist, page 65

Source : Communisme et nazisme – 25 réflexions sur le totalitarisme au XXe siècle par Alain de Benoist, page 65. En haut, à gauche : le kiosque d’Abbeville où furent arbitrairement emprisonnés les 77 détenus en provenance de la prison belge de Bruges, via Béthune. En haut, à droite : Joris van Severen vers 1939, en bas à droite : Jan Rijckoort. En bas à gauche, les tombes de Joris van Severen et Jan Rijckoort dans le cimetière d’Abbeville.

–––

Sous la protection de la Sûreté française, le convoi atteindra Abbeville dans la nuit du 19 au 20 mai, vers minuit. Les suspects seront, faute de mieux, enfermés dans la cave du kiosque à musique de la Porte du Bois. Pour Abbeville, la journée du 20 mai est un jour sombre. Les Allemands sont aux portes de la ville. Pour les dernières unités présentes dans la ville en flammes, le décrochage s’impose. Mais que faire des prisonniers ?

Le capitaine Marcel Dingeon de l’état-major de la place, un architecte mobilisé, choisit une solution expéditive : les fusiller tous ! Qui donc a eu la malencontreuse idée de confier 79 « parachutistes » allemands à un capitaine ivrogne (c’est ce que dira la commission d’enquête). Dingeon donne ordre verbal au sergent-chef François Molet et à sa section de la 5e compagnie du 28e Régiment Régional, des territoriaux rappelés d’âge déjà mûr. Quelques soldats d’une unité du Train se joindront à eux. La tuerie commence. Par groupe de 4 ou de 2, les malheureux civils sont extraits de leur cachot et abattus froidement. Le lieutenant René Caron, supérieur direct de Molet, instituteur dans le civil, qui passait justement par là, participe à la fête (« encore un ivrogne » dira l’enquête).

Le sergent chef Molet est mal à l’aise. Il retourne voir le chef Dingeon. « Fusillez les tous » répond Dingeon. Pour en finir au plus vite, un soldat lance une grenade dans la cave du kiosque… qui n’explose pas ! 21 exécutions ont déjà eu lieu, interrompues de temps en temps par les bombardements allemands. Le lieutenant Jean Leclabart du 28e RR qui lui aussi passait par là et qui connaissait le règlement militaire s’exclame : « Mais enfin, êtes-vous devenu fou ? » et demande à voir l’ordre d’exécution. Comme personne ne peut montrer un tel ordre, il fait arrêter le massacre.

« Dossier Abbeville » de Carlos H. Vlaeminck

Parmi les victimes : Joris Van Severen, chef du Verdinaso et son secrétaire, Jan Rijckoort ; un canadien, entraîneur de hockey sur glace, arrêté au mauvais endroit et au mauvais moment parce que ces papiers n’étaient pas en ordre ; un frère bénédictin d’origine allemande ; une vieille dame ; Lucien Monami, conseiller communal de St-Gilles ; un marchand d’endives, conducteur de son véhicule réquisitionné pour transporter les « suspects » et qui, ironie du sort, le partagea par erreur ; 4 italiens antifascistes réfugiés en Belgique et qui croyaient échapper aux Allemands… !

Sources : Het bloedbad van Abbeville de Gaby Warris. L’auteure avait 18 ans et fut arrêtée avec sa mère et sa grand-mère sous prétexte que son père était militant nationaliste flamand. Elle raconte le massacre et comment, sous ses yeux, sa grand-mère fut tirée de la cave du kiosque et assassinée à coup de crosse et de baïonnette.

« Dossier Abbeville » (en néerlandais) de Carlos H. Vlaeminck (ÉditeurDavidsfonds Leuven, 1977, ISBN 90 6152 292 7) et article de Dirk Martin dans Jours de Guerre N° 3 édité par le Crédit Communal de Belgique.

Blog « Histoires de Français Libres ordinaires » lien.

Archives de la Somme, 22 J 68 : Fonds Pierre Vasselle, dont « les exécutions sommaires d’Abbeville du 20 mai 1940, jugées par le Tribunal de guerre allemand » : lien.

François Molet

MOLET Émile François Amédé est né à Beaurevoir (Aisne) le 14 mars 1905, dans une famille de cultivateurs. Appelé sous les drapeaux et affecté à la 4e batterie du 313e RAP, il rejoint Mayence le 15 mai 1925. Promu brigadier et rattaché au 305e Régiment d’artillerie à pied, François Molet est nommé maréchal des logis le 11 mai 1926. Ses états de service sont excellents. Ses supérieurs louent sa droiture et sa gentillesse. Libéré de ses obligations le 29 octobre 1926, il retrouve son pays et reprend ses activités de cultivateur. Le 14 septembre 1932, il épouse à Levergies (arrondissement de Saint-Quentin, dans l’Aisne) Mademoiselle Paule Boulanger dont il a quatre enfants. Il exploite la ferme familiale.
À la veille de la Seconde Guerre mondiale, François Molet est affecté sur la ligne Maginot, avec le grade de sergent chef de réserve. En septembre 1939, il est rattaché à la 101e batterie du 2e dépôt d’artillerie à Abbeville, puis au 28e régiment de la garde, 1er bataillon, 5e compagnie, dernière unité.

« Ma pauvre chère bien aimée Paule » – Lettre du 7 avril 1942

Avant d’être fusillé au Mont Valérien, il écrit la lettre suivante qu’il adresse à sa femme :

« Ma chérie, mon amour, ton bonheur, notre bonheur sur terre est fini. Adieu au revoir au Ciel. Pour moi j’avais fait le sacrifice […] Enfin j’ai fait tout mon possible, mon devoir le mieux possible, je t’ai aimée comme peu ont été aimé. […] Combien j’aurai préféré être tué l’an passé à la bataille que de mourir ainsi. Je ne pensais jamais que le bon Dieu m’aurait enlevé si vite à vos affections, surtout après l’avoir servi de mon mieux. Après la guerre, tu me feras réhabiliter surtout. Je n’ai pas commandé l’exécution. Je n’ai pas tué personne. C’est le gendarme qui a tout fait et moi j’ai tout fait pour l’en empêcher. Surtout fais-nous réhabiliter et défend notre honneur, l’honneur de nos enfants.

Extrait de la lettre de François Molet, fusillé au Mont Valérien, le 7 avril 1942 - Recto

Tu avais confiance, nous avions confiance en ces gens-là bien à tort, tu vois il n’y a rien à faire. Pour eux, pas de pitié, pas d’appel, rien. J’avais eu peur avec raison en entendant le jugement qui nous faisait passer pour des sadiques ayant encore fracassé des crânes et tué à coup de baïonnettes ceux qui étaient exécutés, ce qui est faux, archi faux. Je suis innocent. C’est atroce pour toi. Je t’aimais tant et n’ai jamais pu me résoudre à te quitter. J’aurais du le faire, me sauver, me sauver… et il est trop tard […] 
Tu proclameras qu’à Abbeville, j’ai tout fait pour éviter une atrocité française et j’ai réussi puisque cinquante-huit n’ont pas été exécutés…
Nous nous pensions sauvés et je ne pensais jamais que l’on ne reconnaîtrez pas notre innocence. Je pensais que les Saints que j’avais invoqués 
[…] m’auraient conservé à mes chéris. Enfin il faut des sacrifices pour la France. »

Extrait de la lettre de François Molet, fusillé au Mont Valérien, le 7 avril 1942 - Verso

L’exécution de François Molet eut lieu le 7 avril 1942, au mont Valérien.

Merci à Jean-Luc Molet, son cousin, pour les documents (lettre et photo du couple) qu’il m’a fait parvenir…


16/02/2014
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Histoire pénitentiaire et Justice militaire

Francois Molet HISTOIRE 1940

 

 

François Molet et l’affaire des 21 fusillés du kiosque à musique d’Abbeville

François et Paule Molet.

Le 20 mai 1940, François Molet se trouve mêlé, malgré lui, à « l’affaire des 21 fusillés du kiosque d’Abbeville ». Le 15 mai, un groupe de 78 suspects est extrait de la prison belge de Bruges, remis à la Sûreté puis conduit en France. Le convoi arrive à Abbeville dans la nuit du 19 au 20 mai. Ne sachant où « loger » les prisonniers, on les enferme dans la cave du kiosque à musique. Les Allemands sont aux portes de la ville.Les militaires français doivent décrocher… Mais que faire des prisonniers ? 21 d’entre eux vont être passés par les armes, sans autre forme de procès. Quelques mois plus tard, l’affaire est jugée par un tribunal allemand.François Molet, sergent chef de réserve ainsi que son chef direct, le lieutenant Caron, sont condamnés à mort et fusillés au mont Valérien

Les folles journées du 15 au 20 mai 1940

Le 15 mai, l’administration pénitentiaire de la prison de Bruges, submergée par l’incarcération de « suspects », décide d’en transférer une partie vers la France. 79 personnes sont embarquées dans un convoi de trois autocars : une vingtaine de Belges, 18 Juifs de nationalité inconnue, 14 Allemands, 6 Néerlandais, 3 Luxembourgeois, 9 Italiens, 2 Suisses, 1 Français alsacien, 1 Espagnol, 1 Danois, 1 Canadien, Robert Bell, entraîneur de l’équipe nationale allemande de hockey sur glace, incarcéré en mars 1940 pour manque de papiers en règle et suspecté d’être un espion, 1 Autrichien, 1 Tchèque. Bien entendu, tous ne sont pas innocents. Le groupe compte notamment Léon Degrelle, fondateur du mouvement fasciste Rex.

Les trois autocars comptant 78 détenus partis de Bruges ont gagné Dunkerque via Ostende, à la frontière franco-belge. Là, Léon Degrelle est reconnu, tiré du car et proprement passé à tabac par des militaires français. Degrelle s’en tire avec quelques « bleus ». Le convoi repartira sans lui, et sous les huées et les jets de pierre atteindra la prison de Béthune où, après un interrogatoire d’identité sommaire pour l’établissement d’une liste,les 77 suspects seront remis, dans des conditions restées peu claires, à la Sûreté françaiseIls resteront détenus à Béthune jusqu’au 19 mai, puis seront de nouveau évacués devant l’avance allemande. Au moment du départ, on joindra au lot un jeune Belge vivant en France et ayant refusé d’être mobilisé dans l’armée de la IIIe République.

Communisme et nazisme : 25 réflexions sur le totalitarisme au XXe siècle par Alain de Benoist, page 65

Source : Communisme et nazisme – 25 réflexions sur le totalitarisme au XXe siècle par Alain de Benoist, page 65. En haut, à gauche : le kiosque d’Abbeville où furent arbitrairement emprisonnés les 77 détenus en provenance de la prison belge de Bruges, via Béthune. En haut, à droite : Joris van Severen vers 1939, en bas à droite : Jan Rijckoort. En bas à gauche, les tombes de Joris van Severen et Jan Rijckoort dans le cimetière d’Abbeville.

–––

Sous la protection de la Sûreté française, le convoi atteindra Abbeville dans la nuit du 19 au 20 mai, vers minuit. Les suspects seront, faute de mieux, enfermés dans la cave du kiosque à musique de la Porte du Bois. Pour Abbeville, la journée du 20 mai est un jour sombre. Les Allemands sont aux portes de la ville. Pour les dernières unités présentes dans la ville en flammes, le décrochage s’impose. Mais que faire des prisonniers ?

Le capitaine Marcel Dingeon de l’état-major de la place, un architecte mobilisé, choisit une solution expéditive : les fusiller tous ! Qui donc a eu la malencontreuse idée de confier 79 « parachutistes » allemands à un capitaine ivrogne (c’est ce que dira la commission d’enquête). Dingeon donne ordre verbal au sergent-chef François Molet et à sa section de la 5e compagnie du 28e Régiment Régional, des territoriaux rappelés d’âge déjà mûr. Quelques soldats d’une unité du Train se joindront à eux. La tuerie commence. Par groupe de 4 ou de 2, les malheureux civils sont extraits de leur cachot et abattus froidement. Le lieutenant René Caron, supérieur direct de Molet, instituteur dans le civil, qui passait justement par là, participe à la fête (« encore un ivrogne » dira l’enquête).

Le sergent chef Molet est mal à l’aise. Il retourne voir le chef Dingeon. « Fusillez les tous » répond Dingeon. Pour en finir au plus vite, un soldat lance une grenade dans la cave du kiosque… qui n’explose pas ! 21 exécutions ont déjà eu lieu, interrompues de temps en temps par les bombardements allemands. Le lieutenant Jean Leclabart du 28e RR qui lui aussi passait par là et qui connaissait le règlement militaire s’exclame : « Mais enfin, êtes-vous devenu fou ? » et demande à voir l’ordre d’exécution. Comme personne ne peut montrer un tel ordre, il fait arrêter le massacre.

« Dossier Abbeville » de Carlos H. Vlaeminck

Parmi les victimes : Joris Van Severen, chef du Verdinaso et son secrétaire, Jan Rijckoort ; un canadien, entraîneur de hockey sur glace, arrêté au mauvais endroit et au mauvais moment parce que ces papiers n’étaient pas en ordre ; un frère bénédictin d’origine allemande ; une vieille dame ; Lucien Monami, conseiller communal de St-Gilles ; un marchand d’endives, conducteur de son véhicule réquisitionné pour transporter les « suspects » et qui, ironie du sort, le partagea par erreur ; 4 italiens antifascistes réfugiés en Belgique et qui croyaient échapper aux Allemands… !

Sources : Het bloedbad van Abbeville de Gaby Warris. L’auteure avait 18 ans et fut arrêtée avec sa mère et sa grand-mère sous prétexte que son père était militant nationaliste flamand. Elle raconte le massacre et comment, sous ses yeux, sa grand-mère fut tirée de la cave du kiosque et assassinée à coup de crosse et de baïonnette.

« Dossier Abbeville » (en néerlandais) de Carlos H. Vlaeminck (ÉditeurDavidsfonds Leuven, 1977, ISBN 90 6152 292 7) et article de Dirk Martin dans Jours de Guerre N° 3 édité par le Crédit Communal de Belgique.

Blog « Histoires de Français Libres ordinaires » lien.

Archives de la Somme, 22 J 68 : Fonds Pierre Vasselle, dont « les exécutions sommaires d’Abbeville du 20 mai 1940, jugées par le Tribunal de guerre allemand » : lien.

François Molet

MOLET Émile François Amédé est né à Beaurevoir (Aisne) le 14 mars 1905, dans une famille de cultivateurs. Appelé sous les drapeaux et affecté à la 4e batterie du 313e RAP, il rejoint Mayence le 15 mai 1925. Promu brigadier et rattaché au 305e Régiment d’artillerie à pied, François Molet est nommé maréchal des logis le 11 mai 1926. Ses états de service sont excellents. Ses supérieurs louent sa droiture et sa gentillesse. Libéré de ses obligations le 29 octobre 1926, il retrouve son pays et reprend ses activités de cultivateur. Le 14 septembre 1932, il épouse à Levergies (arrondissement de Saint-Quentin, dans l’Aisne) Mademoiselle Paule Boulanger dont il a quatre enfants. Il exploite la ferme familiale.
À la veille de la Seconde Guerre mondiale, François Molet est affecté sur la ligne Maginot, avec le grade de sergent chef de réserve. En septembre 1939, il est rattaché à la 101e batterie du 2e dépôt d’artillerie à Abbeville, puis au 28e régiment de la garde, 1er bataillon, 5e compagnie, dernière unité.

« Ma pauvre chère bien aimée Paule » – Lettre du 7 avril 1942

Avant d’être fusillé au Mont Valérien, il écrit la lettre suivante qu’il adresse à sa femme :

« Ma chérie, mon amour, ton bonheur, notre bonheur sur terre est fini. Adieu au revoir au Ciel. Pour moi j’avais fait le sacrifice […] Enfin j’ai fait tout mon possible, mon devoir le mieux possible, je t’ai aimée comme peu ont été aimé. […] Combien j’aurai préféré être tué l’an passé à la bataille que de mourir ainsi. Je ne pensais jamais que le bon Dieu m’aurait enlevé si vite à vos affections, surtout après l’avoir servi de mon mieux. Après la guerre, tu me feras réhabiliter surtout. Je n’ai pas commandé l’exécution. Je n’ai pas tué personne. C’est le gendarme qui a tout fait et moi j’ai tout fait pour l’en empêcher. Surtout fais-nous réhabiliter et défend notre honneur, l’honneur de nos enfants.

Extrait de la lettre de François Molet, fusillé au Mont Valérien, le 7 avril 1942 - Recto

Tu avais confiance, nous avions confiance en ces gens-là bien à tort, tu vois il n’y a rien à faire. Pour eux, pas de pitié, pas d’appel, rien. J’avais eu peur avec raison en entendant le jugement qui nous faisait passer pour des sadiques ayant encore fracassé des crânes et tué à coup de baïonnettes ceux qui étaient exécutés, ce qui est faux, archi faux. Je suis innocent. C’est atroce pour toi. Je t’aimais tant et n’ai jamais pu me résoudre à te quitter. J’aurais du le faire, me sauver, me sauver… et il est trop tard […] 
Tu proclameras qu’à Abbeville, j’ai tout fait pour éviter une atrocité française et j’ai réussi puisque cinquante-huit n’ont pas été exécutés…
Nous nous pensions sauvés et je ne pensais jamais que l’on ne reconnaîtrez pas notre innocence. Je pensais que les Saints que j’avais invoqués 
[…] m’auraient conservé à mes chéris. Enfin il faut des sacrifices pour la France. »

Extrait de la lettre de François Molet, fusillé au Mont Valérien, le 7 avril 1942 - Verso

L’exécution de François Molet eut lieu le 7 avril 1942, au mont Valérien.

Merci à Jean-Luc Molet, son cousin, pour les documents (lettre et photo du couple) qu’il m’a fait parvenir…

L’exécution sommaire de prisonniers pendant l’exode de mai-juin 1940

L’épisode tragique des fusillés du kiosque à musique d’Abbeville n’est pas sans rappeler le repli de « la colonne de Cepoy », en juin 1940 [lien].


24/06/2013
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